Décrypter les thèses du “Printemps Républicain”

Camille Lévy et Léa Delmas

Dans le contexte déjà inquiétant de ces derniers mois, dans lequel l’instrumentalisation et le détournement du féminisme et/ou de la laïcité à des fins racistes devient courante [1], le manifeste du “Printemps Républicain” n’est pas fait pour nous rassurer. Publié dans la revue réactionnaire Causeur, dirigée par Elizabeth Levy, connue pour ses charges contre le multiculturalisme et le féminisme (le magazine a d’ailleurs fait sa couverture de juillet dernier sur “la terreur féministe”)  et dans Marianne, pour qui l’islam et les prétendus reculs de la laïcité sont devenus une obsession au vu de ses nombreuses unes à ce sujet, ce manifeste enchaîne les raccourcis… Tout comme ses signataires, rassemblant de nombreuses personnalités politiques allant de la droite du PS à certains communistes en passant par des écologistes, qui se sont réuni.e.s à la Bellevilloise le 20 mars 2016. Leurs interventions sont édifiantes et en disent long sur les messages véhiculés par l’initiative.

 

Des têtes d’affiches connues pour leurs propos problématiques et engoncées dans leurs contradictions

Pour bien comprendre un mouvement, il faut commencer par s’intéresser à celles et ceux qui en sont à l’origine. En l’occurrence, l’initiative est portée par Laurent Bouvet, professeur de sciences politiques à l’Université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines et auteur du livre L’insécurité culturelle. Sortir du malaise identitaire français. Avec le géographe Christophe Guilly, Laurent Bouvet est le principal défenseur du concept “d’insécurité culturelle”, qui exprime l’idée que les bouleversements socio-économiques que nous connaissons ne suffisent pas à expliquer un “repli identitaire” des “petits blancs” qui ont le sentiment que leurs modes de vie sont menacés.

Il se concentre sur l’idée que les hommes blancs hétérosexuels de classes populaires sont délaissés par les politiques et les pouvoirs publics au profit de “minorités non-blanches” (et également des minorités de genre, des orientations sexuelles alternatives et des femmes, même s’il insiste moins sur ces groupes sociaux dans le livre). Il affirme aussi que son objectif est de “tenir une ligne de crête” entre islamisme politique et extrême droite, critiquant du même coup le reste de la gauche, celle qu’il appelle “multiculturaliste”, pour sa prétendue bienveillance trop importante envers les minorités.

Bouvet

Il rejette également le concept d’islamophobie, qui représente pourtant aujourd’hui le seul terme à même de nommer et définir les stigmatisations et discriminations spécifiques dont sont victimes les musulman.e.s, réel.le.s ou supposé.e.s. Le discours islamophobe, comme l’explique très bien Alain Gresh, “sous couvert de critique de la religion (…) stigmatise toute une communauté, renvoyée à son « identité » musulmane, qui serait « naturelle », « biologique »” [2]. Ce concept ne prétend pas interdire toute critique de l’islam en tant que religion (et, en France, on reste bien loin du délit de blasphème), mais met simplement un mot sur cette forme particulière de racisme.

On peut en effet considérer l’islamophobie comme une forme de racisme puisque les musulman.e.s subissent bien un processus de “racisation” qui leur associe un grand nombre de stéréotypes et de préjugés, les amenant à subir des discriminations en tant que groupe social. Nommer une oppression étant le premier pas vers sa reconnaissance, et donc vers l’étude des moyens de la combattre, il est inquiétant qu’il fasse encore tant débat aujourd’hui. De plus, focaliser le débat sur des termes, qui sont pourtant aujourd’hui appropriés et revendiqués par les personnes concernées, empêche de pouvoir se concentrer sur le fond du problème : la lutte contre ces oppressions.

En somme, Laurent Bouvet rejoue la musique de l’identité nationale en la masquant sous l’idée d’appartenance culturelle, nie le racisme d’Etat et inverse le système d’oppression (bien qu’il se déclare, contrairement à beaucoup d’autres signataires du manifeste, contre l’interdiction du port du voile à l’université). Enfin, Laurent Bouvet fait partie de ces faux alliés, ces hommes qui invoquent “le féminisme” (le vrai) pour s’opposer… aux féministes. Il se réapproprie les luttes en prétendant mieux savoir que les femmes ce qui est bon pour elles, allant jusqu’à écrire que les féministes sont “aussi groupusculaires qu’elles sont connes” [3]. Le meneur du mouvement du Printemps Républicain est donc connu pour de nombreux propos problématiques, et pour son mépris total de la parole des concerné.e.s.

Frédérique Calandra, maire socialiste du 20ème arrondissement, fait aussi partie des principales figures du Printemps Républicain. Elle a récemment fait parler d’elle dans les milieux militants pour avoir annulé un évènement qui devait se tenir à la Mairie du 20ème arrondissement à l’occasion du 8 mars, en raison des positions politiques défendues par une des invité.e.s, à savoir la journaliste Rokhaya Diallo. Parmi les motivations évoquées par la Mairie pour justifier cette décision, on retrouve une tribune co-signée par Rokhaya Diallo en 2011 qui critiquait l’instrumentalisation politique islamophobe faite de l’incendie de Charlie Hebdo, ainsi que sa participation à la création de l’association Les Indivisibles, un collectif ayant pour but de “déconstruire les clichés ethno-raciaux”, qui organise chaque année la cérémonie des « Yabon Awards » qui vise à “récompenser” les propos les plus racistes. Caroline Fourest y a plusieurs fois été nommée et s’est même vue décerner une banane en 2012 pour ses propos islamophobes récurrents. Rokhaya Diallo, comme de nombreux.ses chercheur.ses et universitaires (à l’image de Christine Delphy), s’est également opposée aux lois sur le port du voile et du voile intégral de 2004 et 2011. Cela, associé à de supposés liens entretenus par Rokhaya Diallo avec Tariq Ramadan ou le Parti des Indigènes de la République, suffit à Frédérique Calandra pour décréter qu’elle est infréquentable et ne doit pas avoir la liberté de s’exprimer à un événement féministe, puisque ses positions antiracistes ne lui conviennent pas [4].

La même Frédérique Calandra qui se permet de disqualifier une militante féministe et antiraciste de longue date en s’appuyant sur des insinuations infamantes (elle serait une alliée objective de Ben Laden, rien que ça), a de son propre aveux Dominique Strauss-Kahn pour mentor. Elle ne l’a jamais désavoué après le viol de Nafissatou Diallo, se contentant de déplorer “une grande perte pour la France”. Frédérique Calandra est donc un personnage plein de contradictions, qui se permet de pratiquer la censure envers des féministes dont les positions sont différentes des siennes tout en soutenant un violeur. Mais elle pousse encore plus loin en déposant deux plaintes : l’une contre Sylvie Tissot, responsable légale du collectif Les mots sont importants, pour avoir publié « Frédérique et Rokhaya sont en bateau, Rokhaya tombe à l’eau », l’autre contre le Collectif 8 mars pour toutes, pour un texte diffusé sur le net et mettant en cause Frédérique Calandra et sa pratique, notamment celle de la censure. Les procès ne sont pas terminés et la campagne #jeluttecontrelacensure a été lancée en mars dernier pour soutenir les accusées [5].

La dernière, et non des moindres, figure médiatique du mouvement du Printemps Républicain que nous décrirons ici est Elisabeth Badinter, connue de longue date pour son combat acharné contre le voile (et les femmes voilées, à qui elle reproche de contribuer au maintien du patriarcat). Elle s’est récemment illustrée par son soutien à Laurence Rossignol, suite à ses propos racistes et sexistes comparant les femmes faisant le choix de porter le voile à des “nègres qui étaient pour l’esclavage”. Au nom des droits des femmes, elle soutient les discours islamophobes quand l’agence publicitaire Publicis dont elle est la principale actionnaire est chargée de la communication de l’Arabie Saoudite. Une contradiction qui nous parait indépassable.

Mais ses propos sont problématiques de longue date. Comme Frédérique Calandra, elle mène un véritable combat contre les courants inclusifs du féminisme, voire contre le mouvement féministe dans son ensemble, tout en continuant à s’en réclamer. Son livre Fausse route publié en 2003 en est un exemple frappant. Elle y reproche aux féministes françaises de vouloir “instaurer un nouvel ordre moral”, d’être « obsédé[es] par le procès du sexe masculin et la problématique identitaire », par le « thème de l’éternelle oppression masculine » et la « victimisation du genre féminin ». Non seulement elle utilise de manière indifférenciée les termes de “sexe” et de “genre”, qui renvoient pourtant à des problématiques et des réalités matérielles différentes, mais en plus elle se répand en virulentes critiques contre celles et ceux qui ne font que rappeler que l’égalité de genre est loin d’être acquise.

Enfin, elles les accusent de se placer sur le terrain de la morale quand c’est sur ce même terrain qu’elle se permet de culpabiliser les femmes portant le voile pour ce qu’elle considère comme un manque de respect pour les luttes féministes historiques. Elle considère ses propres valeurs comme “universelles”, affirme que toutes les civilisations ne se valent pas, et que “nous” (mais qui ?) avons des leçons à “leur” donner (là encore, de qui parle-t-on ?). Dans une interview donnée au Monde en avril dernier, elle va jusqu’à dire :

“Nous avions pensé qu’il y avait des valeurs universelles, que les libertés individuelles et l’égalité des sexes s’appliquaient à tous les êtres humains. Or, aujourd’hui, une partie de la gauche est imprégnée de l’idée que toutes les cultures et traditions se valent et que nous n’avons rien à leur imposer” [6].

Pour Elisabeth Badinter, toutes les civilisations ne se valent pas et nous devons “imposer” nos valeurs au nom de l’universalisme. Hurlant au communautarisme à chaque occasion, elle fait partie de ces nouveaux suprémacistes qui croient appartenir à une civilisation supérieure investie d’une mission civilisatrice envers le reste du monde, dans la plus pure tradition du néo-colonialisme.

Nous aurions pu citer de nombreux.ses autres signataires : Gilles Clavreul (ironiquement délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme), Brice Couturier (un journaliste de France culture qui s’est ému sur Twitter de l’élection de Sadiq Khan comme Maire de Londres en raison de sa religion, expliquant qu’une ville musulmane n’aurait pas “demain la veille” un Maire d’une autre religion, alors que Jakarta a un Maire protestant par exemple), Gérard Biard (rédacteur en chef de Charlie Hebdo), Fleur Pellerin (ancienne ministre socialiste de la culture), Catherine Vieu-Charier (adjointe communiste à la Maire de Paris chargée de la mémoire et du monde combattant)…

Cependant, ces trois portraits donnent une assez bonne idée des intentions qui se cachent derrière le Manifeste du Printemps Républicain, dont les propos semblent rester volontairement flous. Pourtant, une analyse plus poussée du texte et des interventions réalisées lors du lancement du mouvement permet de faire émerger certaines incohérences et imprécisions, ainsi que l’utilisation d’un vocabulaire anxiogène.

 

Un vocabulaire flou, choisi pour provoquer l’adhésion et la crainte

“Terrorisme islamiste”, “idéologies toutes faites”, “islamisme politique”, “contrat social républicain” : le Manifeste du Printemps Républicain utilise une technique bien rodée pour faire adhérer ses lecteurs. Les termes employés sont flous et chacun.e peut projeter dans le texte ce qu’il s’attend à trouver.

 

“Les causalités douteuses”

Des “faiseurs et défaiseurs identitaires” sont pointés du doigt car ils avancent des “causalités douteuses”. La figure est esquissée comme un repoussoir. Mais qui sont ces dangereux personnages ? De quelles causalités parlons-nous ? Cette expression semble faire référence à ce qui a été qualifié par Philippe Val (ancien rédacteur en chef de Charlie Hebdo et ancien directeur de France Inter) puis par le Premier Ministre Manuel Valls de “culture de l’excuse” :

« J’en ai assez de ceux qui cherchent en permanence des excuses ou des explications culturelles ou sociologiques à ce qui s’est passé »

(Déclaration de Manuel Valls au Sénat deux semaines après les attentats de novembre 2015)

Les “causalités douteuses” désigneraient alors le travail d’explication des structures sociales réalisé par les sciences humaines et sociales. Mais quelles études, dans quelles disciplines ? Les accusé.e.s ne sont pas explicitement désigné.e.s, ils.elles n’ont donc aucune possibilité de se défendre. Les sciences sociales cherchent à “construire des chaînes causales, dans un sens très large, qui permettent de dire « ce phénomène-là est produit (partiellement) par tel(s) autre(s) phénomène(s) » [7]. Il est donc malhonnête de les assimiler à une idéologie qui excuserait la violence.

L’utilisation du terme “identitaire” permet de supposer qu’en plus de certains sociologues, certains collectifs de lutte contre l’islamophobie et le racisme sont aussi visés, parce qu’ils se placent en dehors d’un antiracisme moral qui prétend “ne pas voir les couleurs” (comme celui de “Touche pas à mon pote”) pour adopter un antiracisme social qui met à jour les systèmes d’oppressions dont sont victimes les personnes racisées.

“L’esprit laïc”

En parallèle, les auteur.e.s du manifeste se posent comme les défenseur.se.s de “l’esprit laïc”. Pour ces dernier.e.s, la laïcité était jusqu’à récemment “une évidence”, à tel point qu’elle est comparée à l’air que nous respirons. La force de l’image permet ici de généraliser une expérience située. Cette expérience de la laïcité est loin d’être universelle dans un contexte où l’islam et les musulman.e.s sont régulièrement stigmatisé.e.s, notamment par des représentants des pouvoirs publics.

A noter également que la laïcité est de plus en plus invoquée pour justifier des lois, des propos et des pratiques discriminatoires (la fin des menus de substitution à la cantine, les attaques envers les femmes voilées…). Ces réalités sociales entrent en contradiction avec la définition de la laïcité portée par la loi de 1905 : la séparation des Eglises et de l’Etat ET la possibilité donnée à chacun.e de pratiquer son culte [8].  Ce n’est d’ailleurs pas la définition proposée par le manifeste, qui évoque “une activité vivante et permanente”, et qui conçoit la laïcité comme un combat voire une guerre, au lieu de la comprendre comme un cadre garantissant les libertés de chacun.e. La laïcité n’est alors plus identifiée comme un principe de neutralité de l’Etat et une liberté pour les citoyens, mais comme une pratique. Comment pratique-t-on la laïcité dans la conception défendue par le Printemps Républicain ? Par l’interdiction de l’expression de certaines croyances religieuses dans l’espace public, ce qui restreint les libertés individuelles. On passe alors de l’exigence de neutralité religieuse de l’Etat à celle des citoyen.ne.s.

 

“L’islamisme politique”

Le texte vise spécifiquement l’islam, marquant une vision de la laïcité orientée à son encontre, notamment lorsqu’il indique que “l’islamisme politique” ainsi que l’extrême-droite cherchent à excuser le “terrorisme islamiste”, lui-même désigné par une métaphore sanglante. Or “l’islamisme politique” n’est jamais défini. Le manifeste désigne-t-il des acteurs politiques qui luttent contre les discriminations subies par les personnes musulmanes ou supposées telles, ou des musulman.e.s qui souhaitent installer une théocratie ? Derrière une notion aussi floue, tous les fantasmes sont possibles et le glissement vers le “terrorisme islamiste” est induit par la structure du texte.

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Le manifeste accuse les “défaiseurs identitaires” de “jouer avec les peurs” tout en utilisant un vocabulaire particulièrement anxiogène : “tragique”, “ensanglanté”, “mortifère”, “délétères”, “urgence”. Un des participants à l’événement de lancement du mouvement a même été jusqu’à affirmer que certaines lignes de bus dans Paris seraient inaccessibles pour les non “barbus”, rappelant l’idée des “No go zones” dont la chaîne américaine réactionnaire Fox News avait fait un reportage fondé sur des informations complètement fausses il y a moins d’un an.  Ce tableau est d’autant plus alarmant pour les lecteurs.trices que la menace est diffuse, jamais vraiment définie : tout le monde peut se sentir concerné.e.

 

L’intersectionnalité ou “l’alibi des différences”

Pour lutter contre ce danger, les auteur.e.s appellent à les rejoindre autour de grands principes généraux. Les valeurs sont aussi imprécises que les menaces face auxquelles elles s’expriment : “pour nous, la République, c’est ce qui nous est commun”. Peu de personnes ne se retrouveraient pas dans cette quête de commun, bien que la “République” n’y soit pas forcément la réponse la plus évidente. L’emploi du “nous” sous-entend pourtant que certain.e.s s’opposent à cette conception, mais encore une fois on ne sait jamais vraiment de qui il s’agit. L’insistance sur l’identité commune, et le refus d’envisager les situations sociales concrètes dessinent une République plus identitaire que sociale.

C’est ici que les principes antiracistes affichés dans le manifeste du Printemps Républicain atteignent leurs limites. La lutte “sans répit ni repos” contre le racisme oui, mais la prise en compte de la diversité des expériences de discrimination, non. Ce serait aller contre l’universalisme défendu par le Printemps Républicain, qui glisse en fait vers l’uniformisation.

calandra

Penser le fait que les différentes formes de discrimination s’imbriquent et s’amplifient, c’est prendre en considération le fait, par exemple, qu’une femme blanche de classe moyenne ne rencontre pas les mêmes problématiques qu’une femme noire de milieu populaire ou qu’une femme trans, et qu’il faut inclure cette idée dans les luttes féministes pour qu’elles s’adressent à et défendent toutes les femmes et minorités de genre.

Le concept d’intersectionnalité – que Frédérique Calandra met au même plan que “les racismes”, les “fascismes” et les “assignations identitaires” – a été élaboré par la juriste noire américaine Kimberlé Crenshaw dans un article de droit de 1989, où elle explique pourquoi les femmes noires ont du mal à faire reconnaître par la justice les discriminations qu’elles subissent au travail. En droit américain, on doit choisir sur la base de quelle discrimination on veut plaider (en l’occurrence race ou genre). Cependant, les femmes noires qui choisissent de se présenter comme victimes de discriminations fondées sur le genre sont déboutées sous prétexte que d’autres femmes (blanches) ne subissent pas ces discriminations. Les femmes noires ne sont pas discriminées en tant que femme OU en tant que noire, elles sont discriminées en tant que femme ET noire. L’intersectionnalité révèle la spécificité de situations souvent invisibilisées. Le terme a eu un vrai succès, entre autres dans les collectifs afro-féministes, à partir du constat que dans les mouvements de luttes pour les droits des femmes et des Noirs, «toutes les femmes sont blanches, tous les Noirs sont des hommes…» [9]. Il permet de prendre conscience que le combat contre une oppression, s’il n’est pas mené en prêtant attention aux autres oppressions, peut les renforcer. Nous sommes finalement assez loin de l’idéologie semi-fasciste que semble décrire Frédérique Calandra…

Les études sur l’intersectionnalité représentent un enjeu important de la lutte contre le racisme aujourd’hui, dans un contexte de libération de la parole raciste en France et en Europe. Celle-ci ne s’exprime plus sur un registre biologique mais bien culturel : on se cache derrière des “différences culturelles” pour rendre la parole raciste acceptable. Les propos de la ministre des familles, de l’enfance et des droits des femmes, Laurence Rossignol, sont révélateurs de cet état d’esprit. Le soutien qui lui a été accordé par la majorité de la classe politique, y compris de la part de la gauche radicale, comme Jean-Luc Mélenchon, est plus frappant encore. De nombreux.ses membres de cette même classe politique font du racisme un rapport individuel fondé sur l’hostilité d’une personne envers une autre en raison de sa couleur de peau, ignorant ainsi la construction sociale de la race et toutes les implications sociales collectives du racisme (qui font que le racisme anti-blanc n’existe pas) [10].

Le Printemps Républicain, qui va du centre, et de la droite du PS jusqu’à certain.e.s communistes, est très inquiétant car il entérine ce courant de la gauche islamophobe qui s’assume et déforme les objectifs de la laïcité pour la diriger principalement contre les musulman.e.s.

 

Pour rire un peu quand même :

 

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[1] Voir, entre autres, notre tribune sur les propos de l’ancienne Secrétaire d’Etat aux droits des femmes, Pascale Boistard

[2] Alain Gresh, “A propos de l’islamophobie, plaidoyer en faveur d’un concept controversé”, 22 août 2013

[3] “Ces adversaires qui se prétendent nos alliés”, blog Feministantifa, 19 février 2016

[4] Collectif Les Mots Sont Importants, “Frédérique et Rokhaya sont dans un bateau, Rokhaya tombe à l’eau…”, 23 février 2015

[5] Pierre Tevanian, “De quoi Calandra est-il le nom ?”, 5 octobre 2015

[6] Nicolas Truong, “Elisabeth Badinter appelle au boycott des marques qui se lancent dans la mode islamique”, Le Monde, 02 avril 2016

[7] “La sociologie est politique mais pas normative”, blog Une heure de peine, 29 janvier 2016

[8] Loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Eglises et de l’Etat. Article 1 : “La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public”. Aucune restriction ne porte sur la manifestation par les individus de leurs convictions religieuses, tant qu’ils ne sont pas représentants de l’Etat. Cf https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000006070169&dateTexte=20080306

[9] Eric Fassin, “Comment peut-on être féministe et antiraciste ? Les luttes de l’intersectionnalité”, Nouvel Obs, 26 mars 2013

[10] “Le racisme comme système”, blog Une heure de peine, 25 septembre 2014

 

Sources :

Ces adversaires qui se prétendent nos alliés”, blog Feministantifa, 19 février 2016

Le racisme comme système”, blog Une heure de peine, 25 septembre 2014

La sociologie est politique mais pas normative”, blog Une heure de peine, 29 janvier 2016

Collectif Les Mots Sont Importants, “Frédérique et Rokhaya sont dans un bateau, Rokhaya tombe à l’eau…”, 23 février 2015

Elsa Dorlin, L’atlantique feministe. L’intersectionnalité en débat, Papeles Del CEIC, 2012 (2), 1-16. Retrieved from https://search-proquest-com.proxy.bu.dauphine.fr/docview/1288356038?accountid=163274

Alain Gresh, “A propos de l’islamophobie, plaidoyer en faveur d’un concept controversé”, 22 août 2013

Loïc Le Clerc, “L’extrême laïcité du Printemps Républicain”, Regards, 21 mars 2016

Pierre Tevanian, “De quoi Calandra est-il le nom ?”, 5 octobre 2015

Nicolas Truong, “Elisabeth Badinter appelle au boycott des marques qui se lancent dans la mode islamique”, Le Monde, 02 avril 2016

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