Lucence Ing

Dimanche 6 mars, jour de la manifestation organisée par le Collectif 8 mars pour toutEs. Pour FéminiCités, c’est une journée entière qui est consacrée à cet événement. Tout d’abord, il s’agit de préparer les panneaux pour la manif. 10h et quelques, j’entre dans la cuisine de l’école Télécom, où nous avons rendez-vous. Je me retrouve face à Oriane et Camille. « Bonjour ! », je lance. Elles me répondent avec un grand sourire. Nous avons toutes des têtes fatiguées, c’est un dimanche matin tout de même, mais nous sommes très motivées pour ce premier atelier banderoles. « Il n’y a personne d’autre ? » je demande. Non, me répond-on, il y a juste Alban qui va arriver. C’est dommage, Oriane a prévu le petit-déjeuner pour une armée !

On commence à réfléchir aux slogans qu’on désire, les idées ne fusent pas, il est beaucoup trop tôt, j’ai la tête encore dans le brouillard, et puis, pour toutes les trois, c’est notre première fois, à chercher des idées pour des banderoles. Peu à peu, on s’éveille, Alban arrive, Camille et Oriane trouvent des idées, on fait des essais de graphisme au crayon à papier, et l’on finit par se mettre d’accord sur trois pancartes à réaliser. On se met au travail, on est très en retard, jamais on ne sera à midi à Belleville, pour le marché des associations qui doit avoir lieu avant la manif. Au début, on rigole un peu, mais la concentration prend très vite le dessus, on fait de notre mieux pour réaliser de belles affiches.

Il est déjà plus de midi quand on quitte la cuisine. On doit acheter à manger pour tout le monde, et c’est finalement avec trois quarts d’heure de retard qu’on arrive au lieu dit du forum des associations, où l’on retrouve Milan et Léa. Pourtant, il est encore trop tôt, et peu de personnes, seulement les organisateur.trice.s de la manif, les représentant.e.s des différentes assos, sont là. On déjeune, en échangeant des informations, en plaisantant, Léa fait circuler parmi nous la revue vendue par le collectif afro-féministe Mwasi qu’elle vient d’acheter, nous présente le tract qu’elle a conçu pour l’événement – notre premier, qu’il est beau ! – . Il fait un froid de canard, avec beaucoup de vent, mais nous sommes tou.te.s festif.ve.s, conten.te.s d’être ensemble.

Les personnes arrivent peu à peu, d’autres militant.e.s et sympathisant.e.s nous rejoignent, nous formons un vrai petit groupe à présent. Nous décidons de commencer la « diff » avant le départ de la manif. Je suis hésitante, c’est également une première fois pour moi, comment aborder les gens, et puis qui aborder ? Je pars en expédition avec Oriane, qui prend très vite le coup de main et se révèle une experte en diffusion : grand sourire, pas décidé, parole fluide, explications claires…. Lorsque je tente de le faire moi aussi, poussée par elle, je me trouve beaucoup moins convaincante, je bafouille, je m’emmêle les pinceaux… Mais les personnes sont bienveillantes, demandent même d’elles-mêmes plus d’informations sur l’association, montrent un grand intérêt pour nos projets.

Après une heure d’attente dans le froid, ce qui nous permet de prendre quelques photos, le cortège s’ébranle. Nous défilons aux côtés de l’association G.A.R.Ç.E.S, en discutant tranquillement, les slogans dénonçant le patriarcat fusent. Un air est chanté en choeur par la foule : “Qui va faire la vaisselle? Nous on fait la Révolution!” A deux reprises, la neige nous tombe dessus, mais cela ne nous arrête pas. Nous ne sommes pas très nombreu.x.ses, deux milles personnes maximum, mais l’on sent la conviction et l’enthousiasme de notre cohorte. Dans notre petit groupe, nous en allons un.e à un.e, selon nos obligations du jour, avec l’impatience de se retrouver pour de nouvelles actions.