L’objectif de ce lexique est de rendre accessible des concepts complexes et peu banalisés, afin de permettre à tou.te.s de participer à un mouvement social large, et cela passe par la transmission et l’appropriation d’un vocabulaire commun.

Ce lexique est collaboratif. Chacun.e est libre de demander d’ajouter/modifier une définition, en adressant un e-mail à hello@feminicites.org.

Le lexique est rangé par ordre alphabétique au sein des différentes catégories.


Agenre
Se dit d’une personne qui a le sentiment de ne pas avoir de genre, et de ne pas se reconnaître dans le prisme du genre.


Assignation à la naissance
Sexe noté sur l’état civil de la personne à sa naissance. Attribution cissexiste basée sur les organes génitaux.

Pour parler de l’assignation à la naissance d’une personne, on utilise de préférence les termes “AFAB” et “AMAB”, qui signifient “assigned female/male at birth” en anglais, ou “assigné.e fille” / “assigné.e garçon” en français.

L’assignation à la naissance peut être héritée, pour les personnes intersexes, d’une opération de réassignation sexuelle.


Binarisme
Système d’oppressions basé sur une vision binaire des identités de genre, le féminin et le masculin, dont les principales victimes sont les personnes de genre non-binaire.


Binarité
Division des identités de genre de manière binaire, sans alternative entre masculin et féminin. Peut concerner les personnes cisgenres, ou les personnes trans binaires.


Binder
Accessoire visant à modeler la poitrine pour donner à son torse une forme de torse “masculin”.


Cisgenre
Personne privilégiée dont l’identité de genre vécue correspond au genre assigné à la naissance


Cisnormativité
Système de normes basé sur les normes des personnes cisgenres, qui conduit à voir le monde dans le cadre de ces normes. Cela pousse en particulier à considérer tout le monde comme cisgenre “par défaut”, et entraîne des attentes genrées liées à l’assignation à la naissance.


Cissexisme
Système d’oppressions envers les personnes trans. Fait de considérer que toute personne est cisgenre par défaut.


FTM – MTF – FTX – MTX… Manière rapide et efficace de qualifier l’identité de genre d’une personne trans* ainsi que son assignation à la naissance.

  • “FTM” signifie “Female to Male”, et désigne les personnes assignées filles (AFAB) qui ont un genre masculin.
  • “MTF” signifie “Male to Female”, et désigne les personnes assignées garçons (AMAB) qui ont un genre féminin.
  • “FTX” et “MTX” désignent les personnes AFAB/AMAB qui ont un genre non-binaire. On peut aussi dire “FTU”/”MTU” (unknown) ou “FT*”/”MT*”.

Genderfluid
Se dit d’une personne dont l’identité de genre n’est pas fixée et peut varier dans le temps ou l’espace. 


Genre
Le genre peut se définir, selon les mots des sociologues Laure Bereni, Sebastien Chauvin, Alexandre Jaunait et Anne Revillard (Introduction aux études sur le genre, 2012), comme « un système de bicatégorisation hiérarchisée entre les sexes (hommes/femmes) et entre les valeurs et représentations qui leur sont associées (masculin/féminin) ». Cette définition implique que le « genre » d’une personne correspond à l’identité sociale et à l’ensemble des comportements, qualités et caractéristiques physiques, émotionnelles ou intellectuelles qui sont attribués socialement à cette personne en fonction de son « sexe » présumé.

Par exemple, dans le cadre de la société patriarcale occidentale, la possession d’attributs sexuels dits « féminins » (le fait de posséder un utérus, un vagin, une vulve, etc.) crée, pour un individu, une incitation sociale à se comporter d’une certaine manière, à posséder certains attributs et à prendre une certaine place définie dans la société, bref, à se conformer au genre « féminin ». 

En cela, les féministes dit.e.s « constructivistes » (telles que Christine Delphy, Simone de Beauvoir, Judith Butler…) distinguent traditionnellement le sexe (l’identité « biologique » liée à la possession de différents organes et characteristiques physiques) du genre (ensemble de comportements et de caractéristiques sociales). En particulier, Judith Butler présente le genre comme « performatif », c’est-à-dire comme identité qui se vit au travers d’actes et d’attitudes. 

Le genre est également distinct de l’identité sexuelle (hétérosexualité, homosexualité, bisexualité, pansexualité, etc.) En effet, si la société patriarcale implique généralement un lien entre identité de genre (masculin/féminin…) et une attirance sexuelle (pour les hommes/pour les femmes…), l’identité de genre peut être tout à fait déconnectée de l’identité sexuelle d’une personne. L’on peut, par exemple, être un homme (trans ou non) homosexuel, une femme (trans ou non) bisexuelle, une personne non-binaire attiré.e par les hommes, etc.

Une personne dont le genre ne se conforme pas au sexe  identifié à la naissance est la plupart du temps désigné.e comme une personne trans.

Attention : le terme d’identité « biologique » en référence au sexe est à mettre ici entre guillemets. De nombreux.ses féministes et transféministes ont en effet critiqué la division entre un sexe qui serait une réalité biologique (nous serions tou.te.s biologiquement parlant, soit des hommes, soit des femmes) et un genre qui serait une identité socialement construite. En effet, il a été depuis avancé que le sexe correspond aussi a une catégorisation sociale construite à partir d’une réalité biologique (la possession de certains organes et d’un certains nombres d’attributs physiques), et ne serait donc pas une division « objective » entre sexe masculins et féminins (Cf. Définition de « Sexe »). 


Intersexe
Se dit de personnes dont les caractéristiques physiologiques ne correspondent pas, à la naissance et/ou plus tard, à celles d’un male ou d’une femelle. Ces individu.e.s possèdent pour certains des chromosomes X et Y en ordres et/ou nombres différents des deux génotypes les plus communs (XX et XY) et/ou possèdent des organes génitaux, organes producteurs d’hormones ou caractéristiques sexuelles « secondaires » (poils, seins, forme des hanches…) qui les situent hors de cette bicatégorisation stricte. 

Il est important de noter que si la doctrine médicale majoritaire en occident considère l’intersexuation comme une anomalie à corriger (ce qui entraîne chaque année près d’une opération chirurgicale « corrective » post-natale pour mille naissances, ce que les personnes intersexes dénoncent souvent comme des mutilations), le mouvement des personnes intersexes considèrent que ces « identités biologiques » alternatives ne sont pas à catégoriser comme des anomalies mais des expressions tout à fait saines, même si minoritaires, de la diversité sexuelle au sein de la population de notre espèce. 


Non binarité/ identité non-binaire
Se dit de l’identité de genre d’une personne qui ne se reconnaît pas dans la division hégémonique du genre entre un pôle masculin et féminin. Les personnes non-binaires ne sont ni des « hommes » ni des « femmes », ni quelque chose qui s’inscriraient dans un spectre courant entre ces deux « pôles ». 


Passing
Fait d’avoir, aux yeux des autres, l’apparence d’appartenir à la catégorie dominante, malgré notre appartenance à la catégorie dominée.

Pour une personne trans, “passer” ou “avoir un bon passing” désigne le fait d’être systématiquement supposé cis par les autres et genré naturellement dans le genre de son “choix”.

On parle de whitepassing pour les personnes racisées, de cispassing, d’hétéropassing,…


Sexe
Ensemble de caractéristiques physiologiques (possession d’organes génitaux spécifiques (pénis, utérus, vagin, clitoris…) et de diverses spécificités physiques) bi-catégorisant « biologiquement » en tant que « male » ou « femelle » les membres d’une même espèce. 

En biologie, une reproduction « sexuée » ne nécessite pas forcément que les membres d’une même espèce se « spécialisent » en individu.e.s males et femelles. En effet, ce mode de reproduction se caractérise avant tout par la rencontre de gamètes (les cellules dites « sexuelles » comme les spermatozoïdes et les ovules) portant chacune une moitié du patrimoine génétique de l’embryon. Il est ainsi possible qu’une reproduction soit sexuée sans que les individu.e.s de l’espèce en question le soit (par exemple : la plupart des escargots portent tous à la fois des gamètes males et femmes : leur reproduction est sexuée mais pas les individus de cette espèce puisque ces derniers sont « à la fois » males et femelles.)

Chez l’humain comme chez les autres mammifères cependant, la spécialisation des cellules sexuelles est largement accompagnée par une spécialisation biologique des individu.e.s qui, pour la plupart, produisent soient des gamètes males, soient des gamètes femelles, et sont génétiquement amené.e.s à développer des caractéristiques génitales spécifiques en rapport avec cette spécialisation (c’est le rôle notamment des fameux chromosomes X et Y.)

Cette définition amène souvent la plupart des gens à poser une différence entre le sexe « biologique » qui serait une réalité physique et objective et le genre qui serait notre identité socialement construite. Cependant, de nombreux.es féministes et chercheurs.euses ont largement questionnée cette division en remettant en cause la nature « objective » de la division sexuelle de l’espèce humaine (ou d’autres espèces) en 2 catégories strictement exclusives.

Sur le plan biologique d’abord, les travaux de chercheurs.euses comme Anne Fausto-Sterling mettent en cause cette bicatégorisation biologique stricte en rappelant que près de 2% des naissances (le chiffre officiellement retenu par l’ONU est celui de 1,7%) correspondent à des enfants dont les caractéristiques physiques et génitales ne correspondent ni à la définition biologique communément admise d’un « male » ni à celui d’une « femelle » (Voir la définition d’ « Intersexe ». L’importance du phénomène (il y a, au niveau mondial, plus de naissances d’individus intersexes que de naissance de personnes aux cheveux roux…) semblerait en effet remettre en cause une bicatégorisation biologique stricte de notre espèce et amènent plusieurs expert.e.s à envisager le « sexe » comme un spectre de caractéristiques biologiques centrée autour de la question de la reproduction plutôt que comme des « identités » biologiques.

Sur le plan sociologique, plusieurs féministes et sociologues remettent en cause l’idée d’une identité sexuelle qui serait « objective » et échapperait à une forme de définition sociale. Christine Delphy notamment est connue pour avoir avancée que le « genre précède le sexe », signifiant par cette affirmation que la bicatégorisation biologique de l’espèce humaine serait avant tout une construction historique et sociale, au même titre que le genre. Elle s’appuie pour soutenir cette affirmation sur l’observation historique et anthropologique de sociétés ayant longtemps reconnus un « troisième sexe » ou ayant opérés des catégorisations autres que celles des sociétés occidentales. Christine Delphy explique notamment que si les caractéristiques physiques, observables des individus sont en effet des faits biologiques « objectifs », le fait de regrouper ces caractéristiques physiques en catégories fermées est une construction sociale autant que scientifique et permet d’ancrer les phénomènes de domination de genre dans un halo de scientificité. 


Transidentité
Situation d’une personne qui ne se reconnaît pas dans le genre qui lui a été assigné à la naissance.

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