Anaïs nous partage son témoignage glaçant qui s’est déroulé durant le confinement, la confrontant à son voisin mal intentionné. Merci à elle pour tous ces détails.
J’ai vu votre appel à témoignage et c’est avec plaisir que je vous fais partager mon expérience personnelle en tant que confinée rurale. J’habite sur une île de la Côte ouest française et je suis confinée seule : j’habite seule dans une maison mitoyenne qui est située dans un lotissement (on est quelques voisins à partager un mur commun). Je n’ai pas d’animaux, pas d’enfants, et je ne suis qu’au début de ma vie active. J’habite donc ce logement depuis bientôt 2 ans.
Durant le confinement, j’ai télétravaillé pendant les 2 derniers mois et je continue pour ma part à télétravailler car c’est plus simple à la fois pour la continuité de mon service et pour moi-même.Voilà tout le sujet du mail que j’ai envie de partager, chose très peu glorieuse et sûrement non isolée : début avril, les relations avec un de mes voisins ont pris un déplorable tournant.Je n’ai habituellement pas de relation ne serait-ce que cordiale avec mes voisins on ne se voit jamais ou alors on se croise et c’est un bonjour que souvent ceux-ci ne décrochent pas…
Il y a quelques semaines donc, dehors sur ma terrasse personnelle où un bruit m’a fait sortir : je vois ce voisin qui était en train de piétiner mon jardin dans un air paniqué. C’est alors que je lui demande comment il va et que je lui dis qu’il est chez moi et que c’est pas normal. En guise de réponse, il a foncé sur moi et a commencé à me dire des choses déplacées et obscène me disant qu’il était amoureux de moi depuis un moment.. En rabâchant cela plusieurs fois, il a fini par nous retrancher tous les deux chez moi (il m’a fait reculer jusqu’à ma porte d’entrée) comme si il voulait me dire quelque chose de secret … il a continué à divaguer et à dire des choses dénuées de sens et surtout inappropriées… alors j’ai commencé à me défendre : j’ai commencé à lui dire de partir, de quitter les lieux et surtout de partir de chez moi … De ma maison où il n’a pas été invité. J’ai répété cela quelquefois sans qu’il fasse le moindre mouvement pour partir j’ai donc commencé à hausser le ton (énervée par son manque de respect de moi-même et de mon intimité).
Dans la panique et pour que personne ne nous entende, il commence à fermer la baie vitrée de l’intérieur (la clé reste sur la porte côté salon..). Je le vois prendre une main pour m’empoigner tandis que de l’autre il cherche la clé pour nous fermer à l’intérieur.Et là, je me débats et pendant les 6 minutes les plus longues de ma vie je fous littéralement cet être malsain d’une soixantaine d’années dehors en luttant pour me fermer à clé et ainsi, me protéger. C’est alors qu’il est dehors et qu’il tambourine à la porte avec des mots confus mêlant excuses et choses déplacées.
Cette entrevue lui a valu la visite des gendarmes en pleine nuit, visite à laquelle il n’a jamais répondu (il s’est terré chez lui avant d’avoir bien erré devant chez moi et devant le lotissement avant la venue des gendarmes…) … Les autres voisins eux, ont bien répondu et parmi eux, certains ont eu aussi eu des problèmes de voisinage bien que ce ne fut pas du même ordre. Un autre voisin – alors que j’ai tenu à aller toquer avec les gendarmes – a osé demandé si j’avais fait quelque chose pour qu’il intervienne comme cela .. infâme aberration…
J’ai mis quelques jours à m’en remettre, je me protégeais avec, à chaque entrée, un moyen de défense plutôt chiadé.. que cela se passe dans mon antre alors que je demande de partir, m’a été intolérable.Que l’un des gendarmes – et surtout le chef, ils étaient deux et l’autre semblaient être un apprenti – se comporte comme un vrai caïd à m’engueuler car il a mis 5 minutes à trouver le batiment car j’ai omis de donner le numéro dans la panique, et qu’il ne fasse preuve d’aucune délicatesse pour discuter d’un sujet si dramatique… Au vu de la situation anxiogène que je traversais, m’a également fortement déçue. je déplore encore davantage ce service aux publics en situation de danger …Je travaille en tant que chargée de projets en santé et croyez-moi ça fait des années qu’on essaie d’ouvrir un poste d’intervenant Social en Gendarmerie afin que ce genre de plaintes et de témoignages se fassent entendre et qu’une prise en charge rapide et adéquate se fasse. Le confinement a provoqué chez certains une grande détresse psychique et j’espère grandement qu’elle ne s’est pas traduite ailleurs comme cela même si j’imagine que je suis hélas loin d’être un cas isolé.
Merci pour ce que vous faites, merci de rendre compte au monde de ce qu’il se passe. Non, il n’y a pas que des élans de solidarité qui se trament pendant un confinement mondial historique.
Bon lundi et merci de m’avoir permis de témoigner. Ensembles, on sera toujours plus fortes …
Bien à vous
Si vous souhaitez également nous faire part de votre témoignage sur la manière dont s’est passé votre confinement (de manière anonyme si vous le souhaitez), envoyez-nous un mail à hello@feminicites.org