FéminiCités intervient devant les agent.e.s de Champigny-sur-Marne

mardi, avril 12, 2016 0 No tags Permalink

Retour en images et en mots sur notre première intervention publique à Champigny-sur-Marne, le 8 mars dernier. Tous nos remerciements vont au photographe et à la mairie de Champigny-sur-Marne pour ces photos. 

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Léa présente FéminiCités

Dans le cadre de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes et des minorités de genre du 8 mars, FéminiCités était invitée avec Stop Harcèlement de Rue par la mairie de Champigny-sur-Marne, à un débat animé par le Centre Hubertine Auclert sur les résistances aux violences sexistes dans l’espace public, face aux agent.e.s municipaux. Cette intervention était notre première intervention publique officielle, et malgré le stress plus ou moins présent, nous avons été très encouragées par l’amabilité de Mathilde de Beaune, représentante de Stop Harcèlement de Rue à cet évènement, et de Iman Karzabi du Centre Hubertine Auclert.

La salle du conseil municipal qui pouvait accueillir plus de cinquante personnes était pleine, la Maire de la ville de Jalapa au Nicaragua était également présente. Lors de son discours d’introduction, Dominique Adenot, Maire de Champigny-sur-Marne, a choisi de rappeler que la journée du 8 mars se devait d’être une journée internationale, et a insisté sur le fait que les femmes ne devaient pas être reléguées à la sphère domestique. Il a critiqué à ce propos le fait que la question des droits des femmes ait été associée, lors du dernier remaniement ministériel, au Ministère de la famille et de l’enfance et ne soit pas un objectif à part entière des politiques gouvernementales. A cet égard, cette orientation prise au niveau national rend encore plus difficile la mise à l’agenda de l’égalité femmes-hommes au niveau local. 

L’adjointe au Maire en charge des droits des femmes, Isabelle Flores, avait alors pris la parole et avait rappelé les différentes mesures en faveur de l’égalité prises par la municipalité. La ville de Champigny-sur-Marne a en effet suivi depuis 2015 le fil rouge de la sensibilisation aux violences faites aux femmes, dans l’espace public mais aussi à propos d’autres thématiques comme le harcèlement au travail ou encore la conciliation entre la vie privée et la vie professionnelle. Concernant les mesures prises pour améliorer la place des femmes dans l’espace public urbain, la mairie a notamment lancé des marches exploratoires, ainsi qu’un diagnostic de l’usage des quartiers par les femmes.

Nous avons aimé l’engagement fort qui transparaissait dans son discours. Elle a parlé de manière très franche, par exemple sur le fait que la question des droits des femmes ne devait pas être abordée que le 8 mars :

« Voilà ma chérie tu as ta journée, les autres jours on peut t’oublier » avait-elle ajouté cyniquement. 

Après la présentation de Stop Harcèlement de Rue et de FéminiCités, a suivi un jeu où le but était de piocher au hasard et de lire à voix haute des phrases de « relous » issues de témoignages recensés par Stop Harcèlement de Rue. Les mots étaient parfois très crus, et rappellaient la violence à laquelle les femmes sont chaque jour confrontées dans l’espace public. Après avoir défini plus précisément le terme de « violence sexiste », nous avons choisi de donner la parole au public afin que les personnes présentes nous livrent leur ressentis. Quelques murmures, puis les mains se sont levées, les témoignages ne prenaient pas souvent place dans l’espace public. Le débat s’est en effet plutôt axé sur le sexisme au travail et la place des femmes dans cet espace, ce qui a permis aux agent.e.s de faire part des problèmes qu’ils.elles rencontrent au quotidien en présence de leurs supérieurs hiérarchiques. Mais tous les témoignages nous montrent bien la nécessité de parler et de témoigner, notamment autour du fait que le sexisme ordinaire persiste, bien que l’égalité femmes-hommes ait connu des avancées. Nous remarquons à ce propos l’intervention d’un agent, qui disait tenter de lutter contre le harcèlement de rue et le sexisme ordinaire en faisant remarquer leurs blagues sexistes à ses collègues de travail afin de les sensibiliser. 

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Mathilde demande au public de piocher et de lire à voix haute des phrases de « relous » issues de témoignages recueillis par l’association Stop Harcèlement de Rue

En réponse à une agente qui expliquait souhaiter que les horaires de travail soit adaptés pour les femmes, afin de leur permettre d’assumer leur vie de famille, Isabelle Flores a souligné qu’il était important de travailler sur l’articulation entre vie privée et vie professionnelle pour toutes et tous. Chacun.e doit ainsi avoir la possibilité de concilier sa profession avec sa vie personnelle et sociale et ses loisirs.Cette approche contredit alors une vision plus essentialiste des rôles genrés, qui voudrait que l’on aménage le temps de travail des femmes considérées seulement en fonction de leur rôle de mère, et ainsi leurs horaires pour leur permettre de s’occuper de la vie de famille ou des tâches domestiques. Cela renforcerait l’idée que les femmes doivent assumer seules ces tâches, puisqu’on n’aménagerait pas les horaires des hommes. De plus, cela donnerait aussi l’idée qu’en dehors du travail, les femmes ne font que s’occuper de la vie domestique et familiale, sans avoir de loisirs.

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Nous renouvelons enfin nos remerciements à la municipalité de Champigny-sur-Marne pour nous avoir invitées à cet évènement, et espérons que cette conférence débouchera sur un partenariat à plus long terme. FéminiCités a en effet à coeur d’accompagner les collectivités territoriales qui engagent une démarche de réflexion féministe sur la question du genre dans les espaces urbains.

Léa Delmas, Oriane Pascal

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