Léa Delmas et Inès Edel-Garcia
Ca ne vous aura pas échappé : les promoteurs adorent décorer les villes de larges panneaux permettant aux passant.e.s de prévisualiser une future opération d’aménagement. Qu’y voit-on ? Des images de synthèse de belles résidences ensoleillées, arborant d’agréables balcons et des espaces publics végétalisés. Le promoteur cherche à vendre du rêve en montrant une image attirante de son produit et, de leur côté, les client.e.s potentiel.le.s doivent pouvoir se projeter dans ces espaces. Souvent, on y distingue des passant.e.s, des cyclistes, des familles, des séniors, des ami.e.s… Mais pas n’importe lesquel.le.s Ce sont principalement des couples hétérosexuels qui se tiennent la main, des femmes équipées de poussettes et s’occupant d’enfants en bas âge. Des personnes blanches et valides, de surcroît.
Non seulement, ces visuels offrent une vision biaisée de la société, entérinant certains stéréotypes, mais ils invisibilisent aussi certains groupes sociaux. Ce faisant, ils nous proposent en définitive une projection assez conservatrice et rétrograde de la ville. N’est-ce pourtant pas ces mêmes promoteurs qui se vantent de penser et construire la ville de demain, une ville qu’ils décrivent comme intelligente, durable et inclusive ? En attendant, ils contribuent avant tout à véhiculer une image erronée de la ville d’aujourd’hui.
Entre le décorum de publicités hypersexualisées et sexistes et les panneaux traditionalistes et invisibilisant du secteur de la promotion immobilière, nos espaces publics ont du souci à se faire… Au même titre que les publicités, les medias, les séries ou les films, les panneaux publicitaires des promoteurs contribuent à diffuser dans l’inconscient collectif l’idée du corps masculin, blanc, hétérosexuel et valide comme norme dominante, et comme seule grille de lecture et de construction de l’espace public.
C’est pourquoi FéminiCités appelle les promoteurs à promouvoir une meilleure représentativité des différents groupes composant notre société et une plus grande vigilance quant à la reproduction des stéréotypes de genre dans leur production iconographique. Nous appelons également les pouvoirs publics à s’engager dans une vraie réflexion sur la publicité qui nous est imposée dans l’espace public urbain qui reste, d’une manière générale, trop souvent sexiste, raciste, homophobe…