Lucence Ing

L’AGE

Hier soir a eu lieu l’AGE (Assemblée générale extraordinaire) de FéminiCités, qui avait pour vocation de faire voter la charte de l’association. Lorsque je suis arrivée devant le lieu prévu pour la réunion, j’ai croisé Milan qui m’a indiqué que notre réservation avait été annulée, et que, puisqu’on se retrouvait sans salle, on allait improviser la réunion dans le bar d’à côté. Je me suis dit que ça n’allait pas être très pratique…

En réalité, tout s’est très bien passé : un large espace au fond du bar nous a accueilli, nous avons pu nous installer de manière à ce que tout le monde puisse – plus ou moins – se voir et s’entendre. L’avant du bar est occupé par un groupe d’hommes, qui regardent et commentent le match de football qui passe à la télé. Le contraste entre les deux groupes me frappe, mais je trouve intéressant qu’un espace puisse être partagé de cette façon.

Malgré le petit contre-temps organisationnel, nous avons pu faire, comme nous le souhaitions, la présentation de l’association aux nouveaux-elles venu-e-s, un merveilleux atelier lexique et le vote de la charte.

L’atelier lexique

L’idée de cet atelier était de rédiger tou-te-s ensemble le lexique que va utiliser l’asso dans son fonctionnement. Par groupe de quatre ou cinq personnes, animés par des membres du CA, nous nous penchons avec ardeur sur les termes à définir. Réflexion individuelle, partage des idées, rédaction de la définition, chaque moment est chronométré par Oriane, qui circule parmi les groupes.

Mon groupe, animé par Fanny, doit se pencher sur les mots suivants : patriarcat, cisgenre, culture du viol. Chacun-e met sur des post-it les idées qui lui viennent à l’esprit en entendant ces mots, puis on met nos idées en commun, on s’enrichit les un-e-s les autres, avec nos visions, nos expériences différentes. Alors qu’on réfléchit à l’étymologie du mot cisgenre, Alban nous apprend que, en chimie, les mots cis et trans sont utilisés pour indiquer la direction dans laquelle les molécules prioritaires vont : lorsqu’elles vont dans la même direction, la molécule est dite cis, dans des directions opposées, la molécule est dite trans. L’on parvient à des définitions plus ou moins satisfaisantes, l’une d’entre elles est notamment très longue, on a peur qu’elle ne soit pas bien compréhensible.

Vient le temps de la mise en commun : chacun des groupes lit ses définitions, et les autres personnes interviennent, font des remarques, posent des questions, précisent des termes. Certains définitions, comme celle du féminisme, sont unanimement approuvées, d’autres, à l’image de celle de racisé-e, font débat. L’on parvient finalement à des définitions complètes et claires, grâce à tou-te-s !

Et pour finir… la charte !

La partie suivante de l’AG est tout aussi intéressante : il faut voter la charte. On débat, encore, Inès et Fanny veulent ajouter le terme de mixité dans la définition de l’asso, Milan veut enrichir la définition de la bienveillance…

Il commence à se faire tard, le match de foot est fini, alors le gérant nous fait gentiment comprendre que l’on doit sortir du café. On se retrouve à la porte, dehors, mais il faut finir ! On continue donc l’examen des articles, en cercle. Léa, qui nous fait la lecture, s’exclame : « J’ai l’impression de faire un prêche ! », et tout le monde rigole. On finit par voter la charte à l’unanimité, et on se sépare tou-te-s, pour rentrer chez soi, heureux-se d’avoir pu partager ces moments intenses de réflexion et de convivialité.